Bonjour de Sougueur -

Enseignement du français au primaire; constat et perspectives par Amezrar Redha

Enseignement du français au primaire; constat et perspectives

par Amezrar Redha

A l'heure où tous les pays ou presque réfléchissent sur les meilleurs moyens de redorer le blason de l'école et la valoriser afin qu'elle accomplisse sa noble mission, de même chez nous, une vraie réflexion sur ce sujet est souhaitable, voire indispensable. Même si des réformes ont été engagées, sont-elles suffisantes pour faire bouger les choses ? 

Cependant, le constat est simple : les choses changent mais elles n'évoluent pas. La conception des programmes ainsi que les moyens de leurs réalisations constituent la pierre angulaire de toute réussite. Toute conception d'un programme et donc d'un contenu se base essentiellement sur les besoins fondamentaux et immédiats de l'apprenant. Or, nous constatons, un décalage manifeste entre, d'un côté, les besoins et, de l'autre côté, les moyens de les combler. Par conséquent, faut-il repenser la question de la méthode de l'apprentissage du Français au primaire ou la calquer sur ce qui se fait outre-mer? 

En France, les élèves apprennent le français comme langue maternelle. Outre qu'ils bénéficient du phénomène de l'immersion intra et extra-muros (école), ils disposent également de moyens prolifiques et idoines qui leur permettent d'asseoir solidement les bases de la langue et notamment en grammaire et en vocabulaire. 

Les récentes réformes prônées par le ministère algérien de l'éducation doivent avoir comme objectif premier de recentrer l'enseignement du français sur le code, l'orthographe de base et le vocabulaire du moment où les élèves apprennent une langue étrangère. Ceci amènera les apprenants certainement à consolider leur patrimoine en lecture et de leur permettre donc de charpenter solidement leurs écrits. 

Afin que l'enseignement du Français atteigne les objectifs qui lui sont assignés, Il est nécessaire d'intéresser les petits enfants de nos écoles, tout en facilitant le travail des maîtres pour que leurs efforts ne soient pas vains. Ceci ne peut se réaliser que lorsque la tutelle présentera des manuels scolaires adaptés et donc susceptibles de recueillir la faveur et l'approbation de tous. Ajouté à cela la problématique des horaires qui revêt une importance toute particulière. Il est clair que l'horaire cumulé du Français s'est réduit comme une peau de chagrin. A titre d'exemple, Comment peut-on réaliser le profil d'entrée en 4ème A.P si 3 heures hebdomadaires seulement sont imparties à la 3ème A.P c'est-à-dire la première année de français ? C'est une véritable aberration et ce sont les élèves qui en pâtissent de cette situation intenable. 

Nous savons tous combien est délicate la conduite d'une classe, et combien il est difficile de fixer, en l'intéressant, l'esprit des apprenants notamment ceux qui éprouvent des difficultés en lecture. Convenons-nous que la maîtrise de la lecture avec son continuum la compréhension représente la clé indispensable de la réussite de l'écolier. Par conséquent, l'apprentissage de la lecture et son corollaire la compréhension doit retrouver toutes ses lettres de noblesse en lui consacrant une intention toute particulière. Pour cela, les méthodes d'apprentissage de la lecture présentées sous forme globale, syllabique ou semi-syllabique, doivent être maitrisées et utilisées à bon escient. De même, ces méthodes doivent-être complémentaires et non concurrentielles. Une bonne méthode de l'enseignement de la langue, et en particulier de préparation au ardu exercice de la rédaction et de la composition, doit passer impérativement par la manipulation des textes en vue d'une élocution correcte sans pour autant dissocier l'appréhension directe des termes et des idées par les sens et par le jugement. 

Il est également fortement conseillé d'emprunter les textes au même ouvrage. Par ce moyen –de même par le procédé des centres d'intérêt- on évite aux apprenants l'éparpillement de la pensée et de l'acquisition qui naît de la lecture de textes fragmentés, sans lien entre eux. Il faut donc rattacher, lorsque l'occasion s'en présentera, un texte nouveau à un texte déjà lu. L'intérêt que les apprenants portent à un personnage connu les disposent favorablement à suivre ce personnage dans de nouvelles aventures. 

Plus le devoir sera court avec des énoncés clairs et concis, plus les apprenants se sentiront davantage portés à rédiger soigneusement et correctement. Et plus que jamais, c'est au travail bien fait qu'il faut habituer nos élèves. Par conséquent, ceux-ci retrouveront avec joie le chantier des divers thèmes d'études, leurs feuilles de narrations éparpillées, mais déjà portant des numéros comme les pierres d'un édifice. Il faut Privilégier également l'apprentissage ludique par le biais de jeux de mots, ce qui contribuera à enrichir le stock lexical des élèves et leur conférera par la même un engouement pour l'apprentissage et l'acquisition. 

C'est une erreur assez répandue que d'embrasser, dès les premières années de la scolarité, un programme trop vaste et qui dépasse les moyens des élèves ainsi que leurs besoins immédiats. C'est la raison toute évidente du manque de solidité des connaissances grammaticales élémentaires. Prendre le pli de la correction grammaticale doit obéir à un savoir et une acquisition des règles de base régissant la langue, et cette habitude ne peut se développer et se fixer que par la répétition prolongée des mêmes exercices mais présentés différemment, c'est-à-dire sous des formes variées. Indubitablement, c'est l'usage fréquent qui permet, à non pas douter, d'acquérir et d'asseoir les connaissances indispensables des différents points de langue. Il est donc impérieux de limiter les apprentissages qu'aux règles usuelles et les exceptions dont la langue amène fréquemment l'emploi. Renoncer à dessein à apprendre tous aux apprenants, relève d'un choix judicieux. S'échiner sur l'essentiel aura comme résultat la maîtrise par les apprenants des règles de base et leur évitera du même coup la confusion qui peut émerger d'un apprentissage tentaculaire. 

Les enseignants méritent quant-à-eux, une meilleure considération puisqu'ils constituent le pivot de l'enseignement/apprentissage. Installer la confiance et encourager le mérite valorisera certainement leur travail et leur rendement ce qui se répercutera positivement sur les élèves. De même, Le concours précieux des parents d'élèves doit-être encouragé en les associant en tant que partenaires et non-adversairess. 

Quant à La complémentarité dans l'apprentissage de l'arabe et du français, elle doit être encouragée d'abord à l'école mais aussi dans l'environnement socio-économique, non seulement pour bénéficier des apports des deux langues, sous forme de connaissances transversales, mais aussi pour innover dans les deux idiomes. Pour cela, les politiques linguistiques et éducatives doivent être menées de manière concertée et procéder par l'accumulation des richesses des codes et non par l'ostracisme de l'une ou de l'autre langue. Le multilinguisme en Algérie n'est pas une malédiction dans un monde multiculturel, au contraire. La cohabitation entre le français et l'arabe classique est plus que souhaitable. Par contre, il n'y a que les alibis des uns et les excuses des autres qui trouveront que l'Indépendance sera totale seulement si le monolinguisme en arabe classique règne sans partage, toute mention aux langues étrangères n'étant que trompe l'œil ou manipulations politiciennes. 


19/01/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Enseignement & Emploi pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 482 autres membres